Voici un petit scénario imaginé à partir d’un épisode vécu. Il met en scène le branle-bas de combat intérieur, généré par un sentiment de culpabilité.
Il aura suffi de quelques mots de la part d’une personne de mon entourage, au sujet du retard pris dans l’avancement d’un projet, pour que dans mon imaginaire, j’entende hurler des sirènes et que je voie tournoyer les gyrophares aveuglants d’un véhicule d’intervention d’urgence, ressemblant plutôt à un fourgon de police, qu’à celui des pompiers ou d’une ambulance !
C’est effectivement bel et bien celui du commando de la brigade spéciale de… la CULPABILITÉ… !
Tourbillon de panique à l’intérieur de moi :
« Mon Dieu, qu’ai-je fait de si grave ?
« Quel motif d’inculpation va m’être signifié ? »
« Quelle sentence m’infligera-t-on ? »
Soit ! Pétrie de culpabilité, je laisse le véhicule s’approcher inexorablement de ma maison. Ce commando de forces spéciales est particulièrement bien « musclé » ! Je mesure en une fraction de seconde qu’il m’est impossible de m’opposer à son intervention. Lui interdire l’entrée épuiserait mes forces, ne ferait que renforcer sa détermination et, résultat final, ferait des dégâts matériels coûteux en réparations…
Peine perdue : il serait vain de me barricader en verrouillant, cadenassant, blindant ma porte !
Je laisse le chef de ce commando sonner à ma porte.
Surprise : plus il s’approche, plus je me sens en capacité de lui ouvrir !
Autre surprise, le chef est seul, réservant sa troupe en arrière-garde ! Laissons-le donc entrer !
« Bonjour Madame ! »
« Bonjour Monsieur, entrez, je vous prie (!) »
« Voilà Je viens vous signifier votre motif d’inculpation : « pas assez rapide dans l’avancement du projet, suspicion de laisser-aller, manque d’investissement, non-respect des engagements », etc, etc. !
S’ensuit un énoncé interminable de reproches, conjugués à tous les modes, tous les temps, envahissant tout l’espace de mon intérieur. Plus la moindre place pour l’estime de moi… !
Nouvel instant de panique intérieure, sensation que je vais me noyer dans ce flot de reproches…, mais, de grâce, un surcroît de courage me vient de l’intérieur, comme un avocat tapi au fond de moi, à l’affût d’une cause à défendre, venant à mon secours de manière inespérée :
« Entendu, monsieur ! Voilà, asseyons-nous, parlons, échangeons ! Voici ce que j’avancerai pour ma défense. »
Et voilà que je suis mon propre avocat ! J’assure moi-même mon plaidoyer ! L’instant de panique s’apaise en faisant mentalement le tour de ma maison, le tour de mon intérieur : « je ne vois aucun motif de condamnation » ! Je plaide « NON COUPABLE » !
J’entame alors un clair et paisible énoncé des faits qui ont contribué à la situation actuelle. Ces faits sont irréfutables, incontestables, ils ne remettent nullement en cause ma sincérité, ma motivation, ma détermination à mener à bien le projet en question !
S’ensuit un échange sur un ton courtois et serein, comme un inventaire de ce que j’ai en magasin : rien d’illégal, rien de pénalisable, rien de suspect ! Au contraire, une grande et belle motivation, assortie de réelles capacités !
La panique initiale laisse alors place à une inébranlable force intérieure :
« Monsieur, je ne suis pas celle que vous décrivez, il y a erreur sur la personne ! »
Et le responsable du commando de s’excuser, et même de me féliciter !
Il repart en me saluant avec respect !
Je reste chez moi, sans menottes au poignet ni embarquement au commissariat : nulle mise en accusation, nul procès-verbal, nulle inculpation !
Je me sens soudainement envahie par la joie de me retrouver sereine à l’intérieur de ma maison, libre de toute inculpation, fière de ma dignité retrouvée !
Merci chère culpabilité de m’avoir fait revisiter mon intérieur pour y redécouvrir mes richesses légitimes ! J’accepte mes imperfections, tout en gardant conscience de mes qualités.
Voici ce vers quoi nous conduit la fleur du PIN (PINE) : s’aimer soi-même, avoir de l’indulgence envers soi, avoir conscience de ses qualités malgré son imperfection, s’auto-estimer.
Geneviève Dorey, pour l’INSTITUT.